10 conseil d’une pro à l’usage des hommes hétéro

1. Essayez d'identifier vos enjeux de performance dans votre sexualité :

Bien souvent et inconsciemment, on cherche à jouer son rôle genré parce qu’on a besoin d’être validé en tant que tel pour se sentir exister. C’est-à-dire qu’on peut avoir besoin de jouer à être un  « homme » (qui bande dure pendant des heures, pénètre longtemps et jouit des litres) ou une « femme » (qui est docile mais qui aime ça ; qui jouit tout le temps mais en s'adaptant à une sexualité masculine). Comprendre ce mécanisme nous permet de saisir que nous avons des enjeux identitaires dans la sexualité qui nous empêche parfois d'être réellement connecté à notre moi profond et à notre partenaire.


2. interrogez votre recherche dans la sexualité :

après avoir identifié vos enjeux de performance lié à votre identité homme, demandez vous : qu'est-ce que je veux ou voudrais vraiment atteindre, ou vivre grâce à la sexualité ? Me sentir important pour un.e autre ? Pouvoir exprimer qui je suis réellement ? Créer de l'intimité ? Me sentir beau ? Désiré ? Sentir que je peux donner du plaisir à un.e autre ? Me sentir connecté ? Me sentir aimé ?


3. Sortez du culte de la performance :

Mais quel stress que de vivre la sexualité comme un espace où l'on pourrait être rejeté si l'on ne baise pas "comme il faut". Quel enfer ! Quelle contrainte !  Au contraire, la sexualité devrait être cet espace d'abandon, de sensibilité, de liberté, de fragilité. Il ne tient qu'à vous d'en changer le sens : ouvrez vous, et d'abord à vous-même. Osez regarder vos fantasmes, vos envies, vos expériences, votre vulnérabilité. Ce sont ces parties de vous qui n'appartiennent qu'à vous qui font votre singularité, votre poésie. Si vous baisez comme n'importe qui, alors vous devenez comme un sextoy : remplaçable. Soyez cet amant si attentif, si doux, si à l'écoute qu'il bouleversera sa/ses partenaires.

4. Soyez à l'écoute :

être à l'écoute signifie se focaliser sur l'autre, capter ses signaux de communication, comprendre ces signaux et l'attente qu'ils traduisent et agir en conséquence. Exemple : lorsque vous faites quelque chose à votre partenaire et qu'elle dit "non", cela signifie qu'il faut arrêter la chose.

Dans la sexualité, il y a 2 types de communication principaux : la parole, et le corporel. Sachez saisir ce que votre partenaire vous dit soit avec ses mots, soit avec son corps. Exemple : si vous caressez les cuisses de votre partenaire et qu'elle se referme, cela signifie tout simplement qu'il faut cesser votre geste, ne pas insister et certainement pas forcer.

Si vous pénétrez votre partenaire et qu'elle vous dit stop, oui, c'est bien une indication qu'il faut cesser. Oui, l'avis de votre partenaire sur ce qu'il se passe dans son corps est plus important que votre envie.

Être à l'écoute induit de s'intéresser plus à l'autre qu'à ce qu'il se passe dans notre pantalon ; que nos envies ne doivent pas prendre tellement de place qu'elles en nient l'autre. Ça semble évident dit comme cela, mais je vous assure que c'est loiiiiin d'être un acquis pour beaucoup d'hommes.

5. Communiquez : 

au même titre que vous devez entendre les signaux de votre partenaire, vous devez exprimer les vôtres. Que ce soit par les mots ou le corps, faites part de vos envies, des gestes qui vous plaisent et vous excitent, de vos fantasmes etc. Plus vous communiquerez, plus vous renforcerez la complicité, si tant est que votre partenaire soit elle aussi à l'aise avec votre communication. Vous serez également plus satisfait, parce que vous pourrez faire part de ce qui vous fait vraiment vibrer.

6. Décentrez-vous de vous :

plus que d'écoutez les signaux que votre partenaire émet suite à vos gestes, ne pensez plus la sexualité exclusivement par rapport à vous, mais demandez-vous (et surtout demandez lui!) ce qu'elle désire vraiment. Lécher sa partenaire simplement parce qu'on en a envie sans se demander si c’est le cas de notre partenaire, ce n'est PAS une façon de se concentrer sur elle. Votre manière de faire peut au contraire la bloquer, parce qu’elle peut ne pas en avoir envie mais sentir qu'il y a un enjeu d'égo chez vous qu'elle va satisfaire en faisant semblant de prendre du plaisir, ou en avoir envie mais se sentir dans un enjeu de course à l'orgasme, ce qui est exactement le contraire d’être détendue pour prendre son pied. Demandez-lui ce qu'elle veut VRAIMENT, et rassurez-la en lui disant que vous prendrez le temps dont elle aura besoin pour les pratiques dont elle a vraiment envie. Ce que je veux dire par là c'est que l'important n'est pas la pratique, mais l'intention avec laquelle est faite cette pratique.

7. Décentrez-vous de la pénétration : 

Le mythe de l'étalon qui pénètre pendant des heures est un mythe de mecs pour les mecs, parce que la vision de la masculinité est intrinsèquement lié au mythe de la performance.  La grande majorité des femmes ne jouit pas pendant le coït, c’est-à-dire par la pénétration de votre sexe dans le vagin. La pénétration peut même devenir une contrainte : soit parce qu'elle est faite trop rapidement, soit trop brutalement, soit trop longtemps. Les lesbiennes ne coïtent pas, et pourtant elles sont statistiquement plus satisfaites sexuellement. Vous avez de magnifiques doigts et une langue qui sauront être bien plus précis et délicats pour mener votre partenaire à l'extase.

Et puis pensez à vous : votre pénis est sans doute merveilleux, il peut certainement (vous) procurer beaucoup de plaisir. Mais votre corps sexuel et érotique ne se limite pas à ce morceau de chair : vous êtes tellement plus ! Vous avez un corps entier, si sensible, laissez vous vibrer des orteils au sommet du crâne. Les zones du cou, des tétons et des fesses sont des zones particulièrement sensibles : explorez vous


8. Prenez votre temps : 

si je n'avais qu’un seul conseil à donner à quiconque en matière de sexualité, ce serait de ralentir. Tout ce que vous faites, faites le 3x moins vite. Là est la clef de la sensualité

9. Les préliminaires sont un état d'esprit, pas une liste de pratique pré-pénétration : 

on parle de préliminaires pour toute pratique qui permet de faire monter le désir et l'excitation. Le désir est l'envie d'avoir un moment sexuel ; l'excitation est la disposition du corps à vivre ce moment sexuel.

Cependant, pour beaucoup, la montée du désir est totalement délaissée pour la simple excitation physique. Or, la sexualité est beaucoup plus satisfaisante quand le désir est là. 

Comment le faire naitre/monter ? Séduisez votre partenaire. Soyez attentionné. Dites-lui des mots d’amour. Complimentez-là. Montrez-lui que vous êtes pleinement disponible pour elle, à son écoute, dans la tendresse, etc.

10. La sexualité peut être un espace d’exploration de qui-nous-sommes-vraiment :

nous avons rarement des occasions pour expérimenter des attitudes différentes de celles qui sont attendus par nos pairs. Il est donc difficile de sortir de nos fonctionnements habituels. Mais s'il est un domaine universel qui peut nous offrir de nous dévoiler et de nous exprimer autrement, c'est bien la sexualité. La sexualité peut être le lieu de la répétition des enjeux de pouvoir habituel, le lieu de la confirmation de notre normalisation (enjeu de la performance chez les hommes, enjeu de la soumission chez la femme, etc). Mais elle peut également être le lieu de l'expression de notre singularité, de notre fragilité, de notre douceur. Et croyez-en ma longue expertise en matière de partenaires masculins : ceux qui ont su me faire profondément vibrer sont ceux qui se dévoilaient dans leur infinie douceur. Pas ceux qui jouaient à être un stéréotype masculin. 


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