Qu’est-ce que le tds ?
Voici un article qui a pour but de définir le travail du sexe. Je me permets également de donner mon avis depuis « l’intérieur » sur ce domaine professionnel.
Celleux qui me connaissent savent que quand je donne mon avis, ce n’est pas toujours avec des pincettes, sorry, blame it on my mars en lion et mercure en scorpion.
Le travail du sexe, contrairement à ce que sa terminologie pourrait nous faire penser, ne désigne pas une forme de travail, mais un champ d’activités qui regroupe plusieurs corps de métier (qui sont des métier du corps, tumtumtcha) travaillant par, pour et avec la sexualité.
Autrement dit, le travail du sexe regroupe toute activité consistant à fournir des services sexuels contre rémunération, quelle que soit la forme que ce métier prend et la manière dont il s’exerce.
À ce titre, donc, la sexologie ne fait pas partie du travail du sexe parce qu’elle cherche à penser et comprendre la sexualité mais ne l’exerce pas.
À l’inverse, les métier que l’on va retrouver vont être : le caming (fait de s’exhiber par webcam), le téléphone rose (ça existe encore ?), la domination, le sugardating (eh oui, c’est une forme de prostitution déguisée), l’escorting, le massage érotique, le striptease, la pornographie, la prostitution de rue, la prostitution dans un salon, la vente de petite culotte, onlyfan & cie
Je rajouterai également que l’échange sexualité-argent doit être explicite pour entrer dans le domaine du travail du sexe, sinon on tombe dans … le mariage !
Eh oui, lisez « le prisme de la prostitution » de Gail Pheterson à ce sujet, dans lequel elle explique que l’échange economico-sexuelle n’est pas une catégorie mais un spectre. Cela signifie qu’il n’y a pas celleux qui ont un échange argent-sexualité et celleux qui n’en ont pas, mais que nous pouvons toustes êtres dans des relations ou des situations où de la sexualité est donnée en contre-partie de biens matériels (que cela soit sous forme d’argent direct comme dans le travail du sexe ou sous forme de sécurité matérielle comme dans le mariage).
Donc le travail du sexe c’est : une activité professionnelle dans laquelle un service sexuel est rendu contre de l’argent de manière explicite.
Branches d’activités
On peut regrouper chacun de ces métiers dans différentes catégories (branches) qui vont correspondre au type de service sexuel rendu, à la forme que ce service peut prendre et à l’implication sexuelle que chaque métier demande.
J’ai fais ici mes propres catégories, je sais que tout le monde n’est pas forcément d’accord mais eh, c’est mon article après tout. Ces catégories n’ont pas valeur de vérité mais permettent simplement une forme de réflexion.
Prostitution : escorting, prostitution de rue, prostitution dans un salon, massage érotique, sugardating, domination
-> la prostitution regroupe les métiers impliquants le contact direct avec les parties génitales/sexuelles d’un.e client.e. Les parties sexuelles pouvant inclure le sexe biensur, mais aussi les fesses, les tetons etc. le contact peut se faire par toute partie du corps mais aussi par des objets.
De fait, que vous ayez des gants en latex, le corps huilé, ou attendu 5 rdv au restaurant avant d’avoir une interaction sexuelle avec votre client.e, à partir du moment où vous touchez de l'argent pour toucher un sexe/une zone sexuelle (oui l’anus de vos soumis ça compte), considérez que oui, votre travail appartient à la catégorie « prostitution ».
C’est cette catégorie qui soulève le plus de controverse, parce que plus la sexualité est directe, plus elle semble déranger la bien-pensance.
Les formes de prostitutions sont elles aussi diverses et variées, et englobe des classes sociales et des réalités de toutes sortes, comme des manières de pratiquer la sexualité bien différentes.
Au sein même de cette catégorie nous allons retrouver énormément de putophobie : combien de fois n’ai-je pas entendu des masseuses érotiques dire « ah non mais moi je suis pas une prostituée hein » (si si ma chérie : tu es payé pour masser nue dans le but d‘exciter puis masturber un monsieur qui te donne de l’argent pour ça) ou des dominas se croire « supérieures » aux autres forme de prostitution parce que « elles ont ne leur touche pas leur sexe ». Lol. Ma chérie tu gagne de l’argent pour pisser sur des gens ou leur enfoncer des aiguilles dans la bite. Tu n’es pas plus digne que celles qui se font lécher, redescend. Nous sommes dans le même bateau et nous devons nous soutenir, pas nous diviser.
Derrière ce « moi je ne suis pas une pute », il y a cette idée souvent inconsciente, même chez des personnes qui exerce la prostitution, que ce serait avilissant de recevoir de l’argent contre de la sexualité. Et plus on se rapprocherait de sa propre génitalité, plus on « s’avilierait ». C’est tout de même fou comme les femmes ont honte de leur propre sexe, même quand c’est leur travail. C’est fou comme on continue de penser que notre dignité est dans notre culotte.
Alors évidemment on va préférer repousser la réalité de la sexualité (et donc du fait d’exercer la prostitution) sur d’autre tds qui serait plus « vile » plus « basse » parce qu’elle utilise leur sexe dans le service sexuel, plutôt que de reconnaitre que, OUI, je suis payée pour de la sexualité MÊME QUAND ON NE TOUCHE PAS MON SEXE et ça ne fait pas de moi quelqu’un d’indigne. Oui, à partir du moment où je touche la génitalité d’un.e client.e j’exerce la prostitution et c’est ok.
Il faut INVERSER LE PROBLEME. Arrêtez de dire que la prostitution c’est la sheitanie et qu’en vous en éloignant vous vous rapprochez de votre dignité, et revendiquez votre dignité en tant que personne exerçant la prostitution.
La putophobie intériorisée est un vrai problème qui provoque une mésestime de soi et un rejet de nos consoeurs. On ne règle pas ce problème, on ne s’émancipe pas de cette croyance en repoussant la « marque de la honte » sur d’autres, mais en la refusant.
Écraser les autres ne nous rehausse pas. C’est détruire les préjugés qui nous rendra plus noble.
Entertainement : porn, striptease, cabaret, théâtre érotique
-> l’entertainement regroupe les métiers où la sexualité est utilisée pour exciter le.la client.e mais où il n’y a pas de contact direct avec le sexe du client.e, en ce sens que la sexualité est utilisée pour exciter, mais elle n’est pas exercée, elle n’est pas aboutie avec le.la client.e. Le.la client.e paye pour être excité.e.
Ces métiers ont pour but de jouer à créer du fantasme sans le réaliser directement avec le.la client.e
Virtuel : caming, vente de culotte, onlyfan &cie
-> oui, les métiers du virtuel auraient pu être mis dans la catégorie entertainement, mais l’ampleur d’internet aujourd’hui et la manière dont cette plateforme modifie nos manières de faire de la sexualité et d’y avoir accès font que je trouve pertinent de mettre dans sa propre catégorie tous les métiers où la sexualité s’exerce à distance.
Ce qui est commun à toutes les formes de travail du sexe
Si tous ces métiers sont si différents, pourquoi les regroupe-t-on sous un dénominateur commun ?
Parce que, quelque soit la manière dont vous exercez le travail du sexe, quelque soit la manière dont s’exprime l’aspect sexuel, à partir du moment où il y a de la sexualité contre un échange monétaire, on parle de travail du sexe.
Comme on l’a vu, les formes de tds sont multiples.
Mais il y a une chose qui réunis toutes les tds, quelque soit la classe sociale à laquelle vous appartenez, quelque soit la fierté ou l’humilité dont vous faites preuve, quelque soit la manière d’exercer le travail du sexe : la société nous juge, nous condamne, nous victimise. Ce que nous appelons « stigmatisation », parce que ces jugements sont si lourds, si violent qu’ils sont pour nous comme des stigmates.
En quoi le travail du sexe se distingue de l’exploitation
Il existe effectivement des situations où des personnes exercent leur pouvoir pour obliger d’autres personnes à exercer le travail du sexe, mais comme dans d’autres types de métiers !
Par exemple : le bâtiment (ah, la coupe du monde au Quatar, le bel exemple de liberté et de respect des droits humains !), le textile (Chine, vietnam, bangladesh, Turquie, what’s your favorite exploited country ?), le travail domestique (eh oui, confisquer le passeport de quelqu’un, ne pas le.la rémunérer et l’obliger à rester enfermé.e chez vous pour faire vos corvées ça s’appelle de l’esclavagisme, bienvenu au 21eme siècle où ce genre d’horreurs continuent !), etc.
Il existe donc également des personnes qui en exploitent sexuellement d’autres.
Est-ce que c’est horrible ? OUI
Est-ce que c’est pire que les autres formes d’abus ? Je ne suis pas sûre.
Est-ce que l’exploitation sexuelle et le travail du sexe c’est pareil ? NON.
Je vous donne un exemple pour comprendre l’absurdité de l’amalgame :
Quand on parle de la Mode, on ne parle pas automatiquement des usines de fabrication où les gens sont exploités.
Est-ce que ça fait partie de l’industrie du textile ? Oui
Est-ce que ça veut dire que le statut et les conditions de travail des personnes exploitées dans des usines sont les mêmes que les modistes ou couturier.es à leur compte ? Non
Est-ce qu’on va dire des modistes qu’iels sont des personnes exploitées sous prétexte que certaines personnes le sont dans l’industrie de la mode ? Non
Est-ce que parce que certaines personnes sont exploitées, toute l’industrie et celleux qui en font partie sont des victimes ? Evidemment que non
C’est plus complet et complexe que cela.
On sait que dans la Mode, dans l’industrie du textile, il existe des artistes et artisans qui font leur travail avec passion et respect des matériau, d’autre qui font de la couture parce qu’il fallait bien trouver un boulot pour gagner sa vie, et d’autres encore qui sont exploités. On ne dit pas « la mode c’est maaaaal, ça exploite les gens, arrêtez de mettre des vêtements ». NON ! On sait distinguer les situations entre choix et exploitation sans se rouler par terre. Et oui on peut condamner la mode parce que l’on condamne son aspect hyper capitaliste, comme on peut condamner la prostitution parce qu’on a des utopies de monde dans lequel on ferait tous l’amour joyeusement en se tenant la main.
Mais on ne crache pas sur les couturiers, on ne crache pas sur les gens qui sont féru de mode, on ne crache pas sur les gens qui ne font tourner leur vie qu’autour de la mode, on ne crache pas sur les stylistes, on ne crache pas sur les mannequins.
Bref, on sait distinguer l’exploitation du reste de l’industrie.
Par contre, on crache sur tou.te.x.s les travailleuses.rs du sexe sous prétexte de se battre contre l’exploitation.
Toute forme d’exploitation au sens de tirer abusivement profit de quelqu’un est à condamner. Je n’ai pas l’impression que les gens fassent preuve d’autant de véhémence quand on leur parle de fast fashion. Je n’ai jamais vu quelqu’un s’énerver quand je parlais d’H&M (alors que bon, éthiquement parlant …). par contre, qu’est-ce que j’ai pu me prendre de la violence en parlant de mon métier, alors que je parlais de mon choix, de ma vision des choses et surtout de mon expérience.
Le problème, c’est que le fait de confondre « exploitation » et « prostitution », ça a 2 impact extrêmement grave et en réalité contre-productif : cela renforce les situations d’abus, d’exploitation etc (puisqu’elles ne sont pas démarquées des situations de choix), et cela créé un climat de violence envers nous autres Putains qui a un impact CONSIDERABLE sur notre santé mentale et notre estime personnelle.
Donc, quand, sous prétexte de bonne morale, ou simplement d’ignorance sur la réalité du travail du sexe, vous tenez des discours qui nient notre réalité, notre vécu, le sens que nous donnons à notre travail, vous participez à nous détruire.
La vérité, avec le travail du sexe et surtout la prostitution, c’est que ce n’est pas fondamentalement l’exploitation qui dérange, sinon vous vous révolteriez contre toutes les formes d’exploitations.
La vérité c’est que c’est votre bonne morale que cela dérange parce qu’il s’agit de SEXUALITE, d’ARGENT, et de femmes. Fondamentalement vous avez un problème avec la sexualité, vous avez un problème avec l’argent, et vous avez un problème avec les femmes qui font ce qu’elles veulent de leur vie et de leur fesses. Alors forcément si on mélange les 3 ….
Mais vous ne vous en rendez pas forcément compte et vous vous cachez derrière une vision pseudo salvatrice.
En réalité, votre violence à notre égard révèle surtout que vous avez un problème avec vous-même et vos conceptions de l’argent, de la sexualité et des femmes, et que vous ne pouvez pas concevoir que la vie puisse être vécue différemment que votre propre vision.
Personnellement je trouve que c’est la preuve d’un manque de développement cognitif et empathique que de ne pas savoir distinguer sa vision du monde et la réalité des autres, mais on me glisse dans l’oreillette que c’est très méprisant de dire cela.
(eh oui je suis désagréable mais je suis fatiguée de prendre les gens par la main pour leur expliquer qu’il faut arrêter d’être vilain.e, et qu’en 2022, les capacités intellectuelles de 1.distinction de mon jugement et de celui d’autrui et 2.distinction entre des préjugés sur une situation et l’expérimentation de cette situation me semblent être un peu la base pour ensuite se permettre de donner son avis.
Autrement dit, ce n’est pas grave si vous n’avez jamais eu l’occasion de penser le tds au-delà des préjugés habituels. C’est compréhensible étant donné que c’est un sujet tabou, et qu’on aime bien ne pas écouter les personnes concernées mais plutôt les juger direct.
Simplement, si vous n’avez pas ces capacités cognitives de distinguer votre avis et celui d’autrui, et de distinguer le fait de juger une situation et le fait de la vivre (spoiler alert : le fait de vivre une situation est plus légitime qu’un simple avis), abstenez-vous de donner votre avis merci bisous)
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