Pour démarrer …


Disclaimer : je n’encourage personne à commencer le tds, je pense qu’il faut avoir des dispositions internes que certaines personnes n’ont pas, par contre que je le veuille ou non, que vous le vouliez ou non, des personnes vont démarrer cette activité. Je veux aider, préparer, soutenir au maximum les personnes concernées pour éviter les dégâts. 


Je tiens à repréciser que je donne mon avis personnel en tant que tds, que mes réflexions sont des opinions et n’ont pas valeur de vérité générale. Je parle depuis mon vécu et mes tripes.

 

Il m’est légalement interdit de donner des conseils aux personnes qui souhaite se lancer dans le tds, parce que cela est considéré comme de l’encouragement à la prostitution.

Personnellement, je pense que vivre dans une société superficielle mettant en avant les biens matériels comme marqueur de réussite et hyper-sexualisant en permanence les femmes depuis l’adolescence, c’est un plus gros encouragement à la prostitution (encore plus quand on laisse ses enfants regarder les télé-réalité et prendre comme modèles des filles de riches refaites de partout, qui gagnent leur vie grâce à une image hyper-sexualisé et ne rende gloire qu’au dieu Capitalisme)

 MAIS BON C’EST UN AUTRE DEBAT

 

De fait, je ne peux malheureusement pas aider et rassurer les personnes n’ayant pas encore démarré l’exercice du tds. Ce qui est dangereux et hypocrite, parce que c’est justement quand on débute qu’on est le plus en fragilité … mais bon, faites un rdv et hop vous serez du bon côté !

Donc, pour les personnes qui souhaitent démarrer le tds, JE NE VOUS ENCOURAGE PAS A LE FAIRE mais ce serait quand même mieux si vous pouviez commencer dans un contexte où vous n’êtes pas seul.e. Parce que le plus dangereux dans le tds, c’est l’isolement, surtout si vous ne pouvez pas en parler autour de vous ou que vous risquez de perdre vos relations déjà établies.

 

Ne restez pas seul.e, ne vous laissez pas non plus manipuler :

C’est pourquoi, je ne vous encourage pas du tout à commencer le tds, mais si par hasard vous vous lanciez, franchement, commencez en salon (nom moderne donné au bordel) pour être dans un contexte plus sécuritaire que seul.e et être avec des collègues (en sachant que les salons sont légaux en Suisse, tolérés en Belgique, interdits en France et je dois me renseigner sur le Quebec).

Et puis ça ne vous engage à rien. L’époque des maisons closes où les filles étaient enfermées (littéralement : elles étaient assignées à résidence et coincées par des amendes) dans les lieux de prostitution est terminées : on peut entrer et sortir d’un salon comme on le veut, c’est même moins contraignant que le salariat à ce niveau là.

Si l’idée de bosser dans un lieu dédiée, qui plus est avec des personnes que vous ne connaissez pas ne vous attire pas, alors essayez au moins de commencer en duo avec une aînée.

Et si vraiment vous n’avez pas de possibilités de travailler avec une collègue de confiance, rapprochez-vous au moins des associations pour pouvoir avoir des interlocutrices.eurs pour poser vos questions sur le tds. ( STRASS en France, Aspasie ou Fleur de Pavé en Suisse, UTSOPI en Belgique, Stella au Quebec)

Bref, ne commencez pas en étant seul.e ni isolé.e. C’est le meilleur moyen pour vivre des situations d’abus.

 

Néanmoins, ne faites jamais confiance à quelqu’un qui veut « vous aider à vous lancer » en prenant le contrôle de votre travail ou de votre vie. Jamais. Vous devez toujours rester maitre.sse de vos choix, que vous travailliez en indépendant.e, avec quelqu’un.e d’autre ou dans une structure dédiée. Vos limites doivent être respectée, que ce soit en terme de pratiques ou de moment pour travailler. Personne n’a à vous imposer quoi que ce soit, ni client.e ni collegue ni patron.ne.

Faites attention, les techniques de « Mac » n’ont pas tellement changées avec les années, et sont celles de prédateurs.ices : vous séduire, vous mettre dans une situation où vous aurez besoin d’elleux (sentimentalement, administrativement, quotidiennement etc), et vous obliger à travailler pour elleux, parfois sans que vous vous rendiez compte que vous êtes obligé.es.

Je ferai des articles sur les « bons » salons ou agences pour que vous puissiez vous repérer.

 


Le plus important dans le tds :

Il y a deux choses très, très importantes à prendre en considération avant de commencer le tds (ou même si vous avez déjà commencé, d’ailleurs), et ça, vraiment, ne le prenez pas à la légère : le poids du stigmate, et votre santé mentale.

Évidemment, les 2 vont être liés et s’impacter.

On parle de stigmate pour désigner l’effet que les préjugés et les jugements sur le travail du sexe vont avoir. Les gens ont une image a priori tellement négative sur le tds que les jugements qui en découlent ont une violence telle que l’on parle de « stigmate ». Nul.le tds n’est épargné.e sur ce point.

La santé mentale désigne l’état de notre bien-être « dans la tête », de nos émotions etc. Une bonne santé mentale c’est quand la plupart du temps je me sens bien avec moi-même, avec les autres, avec mon quotidien. Être tout le temps triste, stressée, angoissée, se sentir mal, se sentir nulle, se sentir seule, ce ne sont pas des états normaux.

 

Ne négligez jamais l’impact que ce choix de travail peut avoir sur votre vie, principalement sur vos relations déjà établie et sur votre estime de vous-même. Même si vous êtes bien entourée et que ce travail fait sens pour vous, sachez qu’à un moment donné vous serez rattrapé par le poids du stigmate, par les préjugés. 

Ça ne veut pas dire que c’est insurmontable (j’en suis la preuve, je vais bien merci). Ça veut simplement dire qu’aucun.e d’entre nous ne sera épargné.e par la force du jugement, et qu’il peut nous tomber sur la face quand on ne s’y attend pas. 

Une allusion par-ci, un chantage à l’outing forcé par là, un « je ne peux pas t’aimer si tu es tds » ici, un « de toute façon si je n’ai pas d’amis c’est parce que je suis sale » intériorisé, etc.

Anticipez ces impacts. Veillez à vous y préparer. Et soyez bienveillant.e avec vous-même si vous subissez ces jugements. Vous n’êtes pas une mauvaise personne, vous êtes dans une société mauvaise à notre égard.

Ayez des ressources bienveillantes, bienfaisantes, nourrissantes (ami.es, animaux, communauté, thérapeutes). Nous devons être 2x (10x !) plus armé.es que le reste du monde, car quelles que soit les raisons pour lesquelles vous exercez ce travail, quelque que soit l’investissement que vous y mettez, vous serez jugé.e et il y aura toujours quelqu’un pour qui vous ne serez jamais assez bien à cause de votre travail. C’est ainsi. Notre seule existence vient trop remuer les aliénations des autres et ils nous font payer la liberté qu’iels ne s’accordent pas en nous jugeant (ben oui : on s’autorise à être sexuelle, on gagne notre vie grâce à cela, parfois mieux qu’elleux, les hommes nous désirent mais ne nous possèdent pas, nous ne rendons de compte à personne etc etc)

 

Ayez vraiment conscience de cela pour ne pas laisser leurs sales jugements, leurs sales névroses nous salir. N’oubliez jamais que c’est ce que vous ressentez au fond de vous qui a raison, pas ce monde construit sur des mensonges.

 

Pour faire face au poids de la stigmatisation, il vous faut : 

  • des relations de confiance, que ce soit des personnes à qui vous pouvez parler du tds sans être jugé.e (collègues, thérapeutes, juste 1 ami.e qui est au courant etc), et des personnes avec qui vous vous sentez bien même si iel ne sont pas au courant de votre activité (amoureux.se, amie.s, famille, animaux, thérapeutes) ; 
  • donner du sens à votre travail, c’est-à-dire de pouvoir vous-même savoir pourquoi vous exercer ce travail pour que ce travail soit et reste un choix au sens d’une activité que vous ne subissez pas (et les raisons d’exercer peuvent être : gagner de l’argent, nourrir mes enfants, reprendre le pouvoir sur ma sexualité, offrir de l’amour etc.). Vous n’avez pas besoin d’être passionnée par le tds pour être légitime à l’exercer. Par contre, vous devez savoir pourquoi vous l’exercer pour faire face aux préjugés du monde. Le monde vous dira que vous êtes folle, sale, coupable, une pauvre meuf stupide, une victime qui s’ignore, etc etc. Et c’est tellement facile de se faire happer par ce genre de croyance. Alors : donnez du sens !  ;
  • prendre soin de vous, prendre du temps pour vous, pour faire des activités qui vous font du bien, qui vous repose, qui vous font plaisir. Quitte à être comme « exclue » du monde, alors autant l’être de manière avantageuse : là où les autres sont submergés par leur travail, leurs obligations etc, nous avons le luxe de pouvoir dégager du temps pour nous. Prenez ce temps pour votre santé physique, mais surtout mentale. Parce que c’est l’un des aspects de notre être qui va être le plus affecté par la stigmatisation.

 

Oui, prendre soin de sa santé mentale est important pour chacun.e. Mais elle est fondamentale pour nous autre, travailleuse.r du sexe.

En effet, du fait de cette image si négative accolée à la figure de la pute, votre estime personnelle sera fragilisée. Si vous n’avez pas de ressources pour la préserver, pour faire face à la violence du monde à notre égard, vous allez douiller sa mère. 

Les conséquences de la stigmatisation sur la santé mentale sont concrètes : anxiété, stress, isolement, addiction, pensée suicidaires, etc.

Ce n’est pas parce que vous choisissez le tds que vous irez mal ; c’est parce que nous sommes stigmatisées que nous pouvons en souffrir. 

Mais ce n’est pas obligatoire, attention. Personnellement, je vis très bien le tds, et ça va faire 10 ans que j’exerce ce métier. Mais je vais bien parce que je prends très grand soin de ma santé mentale, que j’ai su très bien m’entourée, et que je me fais passer avant le travail, avant le fait de faire plaisir aux autres, avant l’argent etc.

Il est vraiment fondamental d’avoir conscience de sa santé mentale et d’avoir des outils pour la préserver, à la fois par nous-même en développant une culture de la santé mentale (donc en se renseignant sur comment en prendre soin), mais aussi par d’autres, en ayant un/des thérapeutes de confiance sur qui compter qui nous aide à nous sentir bien ou au moins mieux avec nous-même. Si vous avez une rage de dent, of course vous ne pouvez pas être bien, vous filez chez lae dentiste. Si vous avez un stress permanent, vous ne pouvez pas être bien, vous devriez pouvoir filer chez un.e bon.ne thérapeute.

Nous avons le droit d’aller bien. Nous avons le droit d’être bien traité.e et soigné.e, physiquement et mentalement. Nous avons le droit d’avoir des professionnel.les de santé de confiance


Attention au rapport à l’argent : 

Un point qui me semble important à soulever est celui du rapport à l’argent.

Avec le tds, vous pouvez gagner des sommes que vous n’auriez pas pu gagner autrement, ou bien de manière plus rapide que dans un travail « classique ». Cet aspect-là peut vous empouvoirer au début, mais attention : il peut devenir source d’aliénation.

Je m’explique : dans un monde capitaliste où l’argent fait loi parce qu’il nous permet d’avoir une forme de pouvoir, il est facile de se faire happer par ce pouvoir et de vouloir toujours en gagner plus. Couplé au fait que le tds est très stigmatisé, on peut se mettre à tout miser sur l’argent gagné (notre valeur, notre pouvoir, notre intérêt, le sens de notre travail, etc) pour compenser la violence du rejet.

Le problème, c’est que pour gagner plus, il faut travailler plus. Or le tds est un travail physiquement et émotionnellement très prenant. Vos ressources ne sont pas illimitées : vous devez vous reposer, vous devez vous respecter, vous devez cadrer votre manière de travailler par rapport à vous et pas par rapport à l’argent. 

Ne prêter pas allégeance au dieu argent. Gardez en tête que c’est un moyen pour vivre, se faire plaisir, réaliser ses rêves etc. mais pas une fin en soi. L’argent que vous gagnez ne définit pas votre valeur. 

Et si le seul bénéfice que vous trouvez au tds c’est de gagner de l’argent, je vous invite à vous inscrire sur la section PUTOPIA de ce site si vous êtes déjà tds ou à acheter Le Putain de Manuel afin de creuser plus en profondeur ce que le tds peut vous apporter et ce que vous apportez au monde en l’exerçant.

Oui, l’argent peut être votre raison principale d’exercer le tds, mais elle ne doit pas être la seule, sinon vous serez happée par la violence du stigmate. 

 

Fragilité émotionnelle et/ou mentale :

Si vous êtes déjà fragile au niveau de la santé mentale, la stigmatisation peut vraiment vous affaiblir.

Honnêtement, je déconseille fortement de commencer le tds dans un contexte de fragilité mentale et/ou émotionnelle. 

Si vous pouvez gagner votre vie autrement qu’avec le tds mais que vous souhaiteriez commencer et que vous êtes actuellement dans un contexte de fragilité mentale/émotionnelle, please, attendez d’être mieux avec vous-même avant de vous lancer.

Si vous êtes vous-même tds et actuellement en situation de fragilité, si c’est votre seule source de revenus, alors s’il vous plait très fort, trouvez des ressources amicales, animales, amoureuses, professionnelles. Fragilité mentale/émotionnelle + stigmatisation + isolement = warning. 

Mamie Yumie va se répéter mais : ayez des ressources ! Faites-vous suivre par un.e thérapeute de confiance. Rapprochez-vous des associations tds. Prendre soin de sa santé mentale et de son estime personnelle est une priorité en tant que TdS (je radote mais comme ça c’est clair !)

Point important : nous sommes tou.te.x.s sujet à ce que je nomme fragilité mentale/émotionnelle. Ça ne veut pas dire que vous êtes nul.les, faibles, incapables, non-résilient.es ou je ne sais quoi. Au même titre que l’on peut tou.te.x.s attraper un rhume, le covid, un cancer, nous pouvons tou.te.x.s vivre des moments dans notre vie de fragilité émotionnelle (genre une rupture par exemple. C’est quand même cataclysmique émotionnellement) et/ou mentale (angoisses, stress, sentiment d’être une grosse merde inutile, etc). 

C’est ok d’être fragile, ça n’est pas synonyme d’être faible, c’est synonyme d’être humain.e. Etre fragile n’est pas le contraire d’être fort.e, au contraire : il faut beaucoup de force pour accepter sa fragilité.

 

Je vous fait ces avertissements pour vous inviter très fort à prendre conscience que le choix du tds n’est pas anodin. Ce n’est pas un métier comme les autres, pas parce qu’il est en soit moins noble, mais parce qu’il est tellement jugé qu’il faut avoir les épaules solides pour affronter la violence du monde.

 

Et oui, certaines personnes commencent la prostitution dans une optique d’auto-destruction. Ça ne veut pas dire que la prostitution est auto-destructrice. Ça veut juste dire qu’il y a des gens qui souffrent et qui font ce qu’iels peuvent pour s’en sortir, parfois en se faisant du mal. Tout comme certaines personnes vivent des relations d’amour magnifiques, et d’autres se font taper dessus. Ça ne veut pas dire que le couple, c’est de la merde en soi. Ça veut juste dire qu’il y a des situations ok et d’autres pas. C’est la même avec le tds.

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